Cycle de poèmes écrits en 1996, lors d'une étape importante de ma vie... (4/6)
IV
Je me souviens du bus
Et du train de La Plaine
On n’est malade qu’une fois
Le soir venu, après la ville, les champs
Et les bois touffus où rôdent les âmes
Des morts, quelques bières vous revigorent
Il s’agit alors de marcher droit
Je me souviens aussi d’avoir eu dix ans
Et d’avoir été fier de cet âge à deux chiffres
Maintenant je recherche le temps en-allé
Sur les feuilles des arbres sous les herbes folles
Dans le lointain une brebis bêle et tient
En respect quelques instants le murmure
Nostalgique et fier de mon être
En communion avec les rêves d’enfant
Jacques Davier (1996)
Commentaires
Vous parlez bien de votre enfance, Jacques, vous n’avez gardé en mémoire que le souvenir des roses, ébarbant les épines. Pourtant quand on est môme, le temps nous fait parfois languir, sur son fil les moments d’ennui s'alignent comme des perles, un peu comme dans la chanson de Trenet « Les enfants s’ennuient le dimanche » .
Quel poète l’a-t-il mieux évoquée, l’enfance, que Jacques Prévert ? Parmi le florilège des textes les plus connus, celui-ci, l’un des plus courts :
L'enfance
dans le lointain de la jeunesse
l'adolescent la méprise et ne veut pas l'entendre
ce n'est plus moi dit-il
c'est un petit qui ne sait pas ce qu'il dit
mais le petit dit ce qu'il sait
même et surtout quand il se tait
L'adolescent grandit il n'a pas étouffé tous les cris
Il n'a effacé ni les rires ni les larmes...
Les éducateurs veulent le jeter dans le grand pareil au même il ne veut pas penser au pas il ne veut pas rêver à la baguette...
il veut l'enfance.
On cite habituellement les poèmes parus dans « Paroles » ou « Spectacle « , certains mis en musique par Kosma. Chacun se souvient des mélodies d’ « En sortant de l’école ... » ou « Deux et deux quatre, quatre et quatre huit... » interprétées par Montand.
Le regard tendre et espiègle, rien de mièvre, de Prévert sur l’enfance n’occulte rien des réalités sociales des années 30, relire « Le cancre » ou « Chasse à l’enfant » par exemple. Autres temps, autres mœurs. A l’époque de leur création, il existait un bagne pour les enfants (Belle-Île-en-Mer), maison dite de redressement (des torts et des tords) avec garde-chiourme idoine... Maintenant, du moins sous nos latitudes, c’est plutôt le bagne pour les parents des enfants-rois…